
Investir dans une start-up via le crowdfunding est devenu incroyablement accessible ces dernières années. C’est une opportunité enthousiasmante : contribuer à l’essor d’une jeune entreprise prometteuse tout en espérant un retour sur investissement potentiellement élevé. Mais si cette forme d’investissement séduit autant, elle n’est pas sans risques… et je le dis en toute connaissance de cause.
En tant que passionné d’investissement et de finances personnelles, j’ai accompagné plusieurs clients dans leurs démarches de financement participatif, et j’ai moi-même investi dans plusieurs projets via des plateformes comme WiSEED, Sowefund ou encore LITA.co. Ce que j’ai appris, c’est que l’enthousiasme ne suffit pas. Il faut être vigilant, réfléchi et bien informé pour éviter des erreurs coûteuses.
Dans cet article, je partage avec vous les 7 pièges les plus courants à éviter avant de franchir le pas. Si vous envisagez de soutenir une start-up en crowdfunding, cet article est pour vous.
Ne pas diversifier ses investissements
C’est sans doute la règle d’or de tout investisseur, mais elle est encore plus pertinente quand on parle de start-ups. Même une idée brillante, une équipe ultra talentueuse et un marché prometteur ne garantissent pas le succès.
J’ai vu des investisseurs mettre une grosse partie de leur épargne dans un seul projet "coup de cœur"… et tout perdre. Le taux d’échec des jeunes entreprises reste élevé, entre 70% et 90% selon les sources. En optant pour une stratégie de diversification, vous réduisez considérablement le risque global. En pratique, cela signifie investir de petites sommes dans plusieurs projets plutôt qu’une grosse somme dans une seule entreprise.
Ignorer le plan de sortie (exit)
Quand on investit en equity crowdfunding, on achète généralement des parts du capital de la société. Contrairement à la bourse où il est facile de revendre ses actions, il n’existe pas de marché secondaire pour la plupart des investissements dans les start-ups.
Beaucoup d’investisseurs découvrent, parfois trop tard, que leur argent est bloqué pour 5, 7, voire 10 ans. Il est donc essentiel de comprendre comment et quand vous pourrez éventuellement récupérer votre mise. L’entreprise prévoit-elle une introduction en bourse, une acquisition, un rachat d’actions ? Les plateformes sérieuses détaillent ces éléments dans le pitch d’investissement. Si ce n’est pas clair, posez des questions avant d’investir.
Se laisser emporter par l’histoire sans creuser les chiffres
Les fondateurs de start-ups sont souvent d’excellents conteurs. Ils savent vous embarquer dans leur vision, leur mission, leur passion. Et c’est tant mieux ! Moi-même, je suis sensible aux projets porteurs de sens. Mais la réalité, c’est que vous devez aller plus loin que l’émotion.
C’est pourquoi je conseille toujours de lire attentivement les documents financiers fournis : business plan, prévisions de chiffre d’affaires, marges, coûts fixes, besoins de financement… Et surtout, soyez critique. Des prévisions trop optimistes sont la norme, pas l’exception. Vous devez vous faire votre propre opinion sur la viabilité économique du projet, pas juste croire sur parole.
Ne pas évaluer le niveau de maturité de l’entreprise
Toutes les start-ups ne sont pas au même stade de développement. Il y a une grande différence entre une entreprise qui en est encore à la phase de prototypage, une autre qui a déjà trouvé son marché (le fameux « product-market fit »), ou une qui commence à générer du chiffre d’affaires.
Personnellement, je préfère investir dans des projets qui ont déjà un certain historique commercial, même limité. Cela réduit le risque et augmente vos chances de voir un retour sur investissement. Vérifiez bien dans quelle phase se trouve l’entreprise. Une jolie idée ne suffit pas.
Sous-estimer la dilution
Lorsque vous investissez en entrant au capital d’une start-up, votre pourcentage de détention peut être réduit lors de futurs tours de financement. C’est ce qu’on appelle la dilution.
Supposons que vous investissez 1 000€ pour 1% du capital aujourd’hui. Si l’entreprise décide de faire un nouveau tour de table plus tard et émet de nouvelles actions pour accueillir de nouveaux investisseurs, votre 1% peut rapidement devenir 0,5% ou moins. Ce phénomène est normal, mais il faut l’anticiper.
Il est également important de consulter les clauses de protection anti-dilution présentes ou non dans les statuts. Certaines plateformes comme Sowefund permettent d’avoir accès à ce niveau de détail.
Ne pas vérifier la réputation de la plateforme
Avec la montée en puissance du crowdfunding, de nombreuses plateformes se sont créées. Certaines sont bien régulées, transparentes et accompagnent étroitement les porteurs de projets et les investisseurs. D’autres beaucoup moins…
Avant d’investir, assurez-vous que la plateforme est agréée en tant que Prestataire de Services de Financement Participatif (PSFP) par l’AMF (Autorité des Marchés Financiers en France). Cela garantit un certain niveau de sécurité et de transparence. Consultez les avis des utilisateurs, les taux de succès des projets financés, les conditions générales de la plateforme. Des sites sérieux comme WiSEED, Happy Capital, ou SmartAngels (pour les plus anciens) sont des références, mais même chez eux, une lecture attentive s’impose.
Ne pas mesurer son propre profil de risque
Cela peut sembler évident, mais je vois encore trop souvent des personnes investir par effet de mode ou parce qu'ils ont lu une success story dans un magazine. Le crowdfunding en equity n’est pas adapté à tout le monde.
Posez-vous ces questions simples :
- Ai-je une épargne suffisante non investie, disponible pour les imprévus ?
- Ce montant d’investissement représente-t-il une part raisonnable de mon patrimoine total ?
- Suis-je prêt à perdre 100% de cette somme sans que cela impacte mon équilibre financier ?
- Ai-je une compréhension suffisante des modèles économiques pour analyser un business plan ?
Si la réponse est non à une ou plusieurs de ces questions, mieux vaut prendre un peu de temps, se former davantage ou commencer par des montants modestes.
Je suis convaincu que le crowdfunding est une formidable opportunité, accessible et excitante. Mais, comme pour toute forme d’investissement, l’enthousiasme ne doit pas remplacer l’analyse rigoureuse. Et comme je le dis souvent : dans la finance, il vaut mieux rater une belle opportunité qu’en subir une mauvaise.